Le papier connait plusieurs ancêtres ayant servi à la conservation des écrits. Les plus célèbres et les plus utilisés étaient le papyrus et le parchemin.
Le papyrus est un papier obtenu par superposition de fines tranches tirées des tiges de la plante cyperus papyrus, reliées entre elle grâce à un traitement à base de colle de sève de papyrus. Probablement inventé il y a 5000 ans en Egypte, le plus vieux papyrus connu est le papyrus Westcar sous le règne du pharaon Khéops – rapporté d’Egypte vers 1824 par Henry Westcar. Ce document est daté de la XIIe dynastie, soit entre 1191 et 1786 av. J.-C., et est aussi appelé Contes des Magiciens à la cour de Khéops. Il s’agit du plus ancien document découvert décrivant un spectacle de magie. Le rouleau de papyrus le plus ancien qui nous soit parvenu provient lui de Sakkara et date de 2900 av. J.-C.
Monopole d’état dès l’Ancien Empire, les papyrus étaient exportés dans tout le bassin méditerranéen. En raison de leur prix élevé, ils étaient souvent grattés pour pouvoir être réutilisés, formant ainsi les palimpsestes – manuscrits dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau.
Les papyrus vendus aujourd’hui aux touristes sont principalement fabriqués à partir de feuilles de bananier.
Papyrus Westcar, Agyptisches Museum de Berlin
Le papyrus fut supplanté en Europe occidentale par le parchemin qui restera le principal support de l’écrit jusqu’à la Renaissance, notamment avec les moines-copistes. D’après Pline l’Ancien, le Roi de Pergame aurait introduit son emploi au IIe siècle av. JC à la suite d’une interdiction des exportations de papyrus décrétées par les Egyptiens qui craignaient que la bibliothèque de Pergame surpassât celle d’Alexandrie. Le mot « parchemin » est dérivé de pergamena, « peau de Pergame ».
Le parchemin est une peau d’animal, généralement de mouton, de chèvre ou d’agneau. Les peaux étaient dégraissées et écharnées pour ne conserver que le derme, puis trempées dans un bain de chaux, raclées à l’aide d’un couteau, et finalement polies et blanchies à la pierre ponce et à la poudre de craie. Les parchemins étaient découpées en feuilles, ces dernières pouvant être assemblées sous différentes formes : le volumem – ensemble de feuilles cousues les unes aux autres formant un rouleau – et le codex – ensemble de feuilles cousues en cahiers : l’ancêtre du livre moderne.
Les parchemins en peau de veau mort-nés, plus fins et plus transparents, sont appelés vélins.
Il est à noter que les parchemins connaîtront tout autant que les papyrus, sinon plus, l’usage du palimpseste.
Vélin datant de 1638
On peut aussi citer les tapas, étoffes végétales obtenues par la technique de l’écorce battue. Encore utilisés pour l’artisanat d’art en Océanie, les tapas ont été utilisés en Amérique du Sud, en Afrique Centrale et en Indonésie. Différentes espèces d’arbres ou d’arbustes sont utilisés : mûrier à papier (de couleur blanche), arbre à pain ou ficus prolixa (couleur rouge-brun).
L’écorce est prélevée en bandes, puis mise à tremper pendant plusieurs jours pour l’assouplir. Elle est ensuite grattée de façon à ne conserver que le liber, puis battue sur un tronc d’arbre dur servant d’enclume à l’aide d’un battoir aux faces gravées de rainures dont la finesse augmente selon la face. L’écorce est repliée plusieurs fois sur elle même pendant l’opération afin d’obtenir l’épaisseur souhaitée. Les étoffes ainsi obtenues étaient surtout utilisées à l’état naturel, mais certaines pouvaient être teintes en jaune ou en rouge à l’aide de teintures à base de plantes.
Fabriqué avec la même technique de l’écorce battue, le papier d’amate était en usage dans les cultures mésoaméricaines. Le papier d’amate était utilisé à des fins rituelles, et servait également de supports à des livres peints, connus sous le nom de codex. Il subsiste ainsi quatre codex maya, et quelques autres du Mexique Central.
Fragment du codex Huzxotzinco, imprimé sur papier amate
Papyrus, parchemin et tapas ne peuvent pas encore être considérés comme du papier. En effet, on définit comme « papier » tout ce qui est constitué d’une majorité de fibres de celluloses d’origine végétale, mises en suspension dans de l’eau puis égouttées sur une surface plane. C’est la mise en suspension dans l’eau des fibres, et leur égouttage, qui permettent de constituer le papier ; quelque que soit le procédé employé, et qu’il n’y ait que de la cellulose ou d’autres matières ajoutées comme de la laine ou de la soie.
C’est en Chine, en l’an 105 exactement, que l’on démarre communément la véritable histoire du papier.
A suivre…